dimanche 14 octobre 2007

De nos jours - la censure (1ère partie)

Je vais commenter un tout petit peu sur la notion de censure. Il y a deux situations que je vais commenter et qui illustrent une censure qui devrait s'imposer et une censure qui s'impose.

A. Première situation - Suisse, UDC, la question du mouton noir sur les affiches: je les considère particulièrement racistes et xénophobes et je m'étonne encore du fait qu'elles ont été autorisées. "Initiative populaire pour le renvoi des étrangers criminels" - et un mouton noir qui est amicablement expulsé... donc, on expulse les étrangers criminels, mais on garde les criminels suisses dans l'optique de l'UDC? c'est ca?

Je n'ai pas encore compris l'obsession suisse avec les étrangers, encore moins après avoir lu le K.O. verbal qui abonde dans des exemples de ce genre (c'est le choix unilatéral des exemples qui m'a frappée). Pour ceux qui sont intéressés, consulter les éditions récentes de Newsweek (qu'on peut trouver à la bibliothèque) et The Economist( http://www.economist.com/world/europe) pour m'en tenir à quelques exemples, qui commentent la question du "mouton noir".

Alors, je vais faire une petite comparaison entre le message qui parait sur le site de l'UDC (http://www.ausschaffungsinitiative.ch/) et un passage de Tzvetan Todorov sur la différence entre patriotisme et nationalisme et qui cite la position d'un capucin francais qui considère que "c'est un devoir de ne pas admettre beaucoup d'étrangers dans un pays, si ce n'est, comme le voulait Platon, en qualité de serviteurs, pour les métiers ou les naturels habitants ne veulent pas s'assujetir [voilà qui annonce l'arrivée des travailleurs immigrés employés à enlever nos ordures]. Autrement on mettrait nos biens en proie, et les batards en la place des légitimes" (Todorov, Nous et les autres, Seuil, p. 212 citant Morales chrétiennes, p. 419). Je trouve que la manière dont l'UDC légitime leur démarche ressemble particulièrement au nationalisme xénophobe du capucin cité par Todorov.

Ok, on parle de xénophobie, mais la couleur choisie pour le mouton, ca veut dire quoi selon vous? Et qu'en dire de l'initiative d'interdire la construction des minarets dans les mosquées?

Moi, franchement, je reste particulièrement dérangée par cette affaire, surtout que la ville ou j'ai fait mes études de Licence (Cluj-Napoca, Roumanie: http://www.clujnapoca.ro/) est connue, d'ailleurs comme le pays entier, pour la liberté garantie des confessions et des lieux de cultes et pour son multiculturalisme. Justement ma faculté est placée entre une mosquée à droite et une église réformate à gauche, et tout en face une église orthodoxe (le culte majoritaire en Roumanie). Et je vous assure qu'il n'y a jamais eu des manifestations religieuses à cet endroit... Et si je dois préciser aussi le contexte linguistique: on parle légèrement trois langues à Cluj-Napoca, le roumain, le hongrois et parfois l'allemand (sans préciser l'anglais qui va de soi et le francais).

Une raison de plus pour garder mon état d'étonnement en Suisse!

2 commentaires:

raulita13 a dit…

Moi ce qui me choque c'est quand des étrangers qui viennent d'être naturalisés suisses me disent qu'ils vont voter pour l'UDC, parce qu'ils en ont marre des étrangers !!! C'est le passeport rouge qui leur est monté à la tête ??
J'ai aussi du mal à comprendre ce rejet, alors que pour moi une des choses qui fait la beauté de ce pays, c'est son multiculturalisme.
J'estime que c'est une chance de connaître des gens d'origines aussi différentes, mais bon...

Cristina a dit…

Cela veut dire peut-etre qu'ils se sont bien intégrés, n'est-ce pas? Ou bien que c'est un effort autant desespéré d'etre considéré comme citoyen suisse que c'est un souci de se délimiter des autres (je veux dire la masse opaque qu'on appelle étrangers, de s'éloigner au plus vite du stigmat d'étranger, car c'est bien un stigmat pour une personne qui choisit d'obtenir une autre citoyenneté.
Je trouve que la couleur rouge du passeport n'a rien à voir. Littéralement, mon passeport est rouge et je suis roumaine, pas de problème. C'est un problème d'intégration, ils veulent fondre dans la masse suisse à tout prix.
Pourquoi cela ne me choque, parce que j'étais étudiante à l'Université de Rennes, au nord de la France et la-bas il y avait un type de racisme particulier: des étudiants de Gabon discriminait une personne de Gabon, mais qui avait passé plusieurs années en France. Chose ironique, il n'était plus percu comme gabonais, mais je t'assure que comme français non plus. Alors, lui, il s'encadrait ou exactement, s'il n'appartenait à aucun groupe? Publiquement, cette personne n'avait pas une identité ethnique reconnue...
Milan Kundera est naturalisé français depuis les années 80 et meme en ce moment on fait référence à lui comme à un tchèque et sa littérature est placée au rayon de la littérature étrangère dans une librairie suisse ou française (je ne veux pas généraliser, mais j'ai eu des exemples dans les deux pays) alors qu'il a écrit des oeuvres en français aussi et cela depuis une vingtaine d'années... J'ai plein d'exemples de ce genre.
Il ne suffit pas de vouloir connaitre l'autre, il faut aussi comprendre son point de vue (et le contexte dans lequel il l'exprime) sans pour autant etre d'accord avec lui. Il s'agit d'etre ouvert, c'est tout.